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Covid-19 et école : Bilan avec la Maîtresse aux petits pois !

enseignante influenceuse
Alors que les dernières annonces gouvernementales projettent un retour “à la normale” et l’école de nouveau obligatoire pour les élèves français à partir du 22 juin prochain, nous avons eu l’opportunité d’échanger avec @maitresseauxpetitspois sur Instagram afin de dresser un bilan de cette période si particulière pour les enseignants.

Une petite présentation ?

Je suis une jeune enseignante de 24 ans. Cette année, j’ai la chance d’occuper un poste particulier qui me plait beaucoup : maître supplémentaire dans une école au profil REP. J’interviens en co- enseignement dans une classe de CP et une classe de CP-CE1. Au total, j’ai donc 40 petits élèves et je travaille en binôme avec les deux enseignantes titulaires de leur classe.

Comment as-tu réagis à l’annonce du confinement ?

J’étais très surprise et inquiète, mais j’avais conscience que c’était une décision nécessaire au vu des circonstances. Le fait est que nous avons été pris de court, tout s’est passé tellement vite. Le lendemain des annonces était un jour très spécial à l’école: personne n’avait d’informations et nous étions dans le flou le plus total, sans aucune directive. Les élèves et les parents étaient tous inquiets. Je me posais de nombreuses questions… quel allait être mon rôle pendant cette période ? Comment bien communiquer avec les familles ?

Comment accompagner comme il se doit chaque élève à distance ?

Sans hésitation, la planification des apprentissages. Comment poursuivre un minimum les apprentissages à distance, sans surcharger les parents qui ne sont pas des spécialistes de l’enseignement, et qui n’ont pas forcément le temps ou les capacités pour accompagner les enfants à la maison ? Comment lutter contre la fracture numérique, et donner à chacun la chance de progresser? C’est difficile d’envisager la continuité pédagogique lorsque seules quelques familles ont accès à un ordinateur. La majorité n’utilisait qu’un smartphone. Il fallait donc penser le travail pour le rendre accessible et réalisable pour tous, sur grand comme petit écran, avec ou sans imprimante.

Autre difficulté non négligeable: l’absence ou le manque de communication. En classe, nous avons un retour immédiat et spontané des enfants sur les situations d’apprentissage que nous leur proposons : cela nous permet d’adapter notre pédagogie et de programmer la suite en fonction de nos observations. A distance, c’est beaucoup plus limité et le silence des familles était quelque peu déconcertant. Toutefois, je ne jette la pierre à personne et j’ai bien conscience que cette situation exceptionnelle n’était évidente pour personne.

Quelles ont été les plus grandes difficultés dans le cadre de ton travail ces 3 derniers mois ? De ton métier, qu’est-ce qui t’as le plus manqué ces dernières semaines ?

Le contact avec les élèves bien évidemment. C’est dans ce type de cas que je réalise ô combien la relation avec les enfants est essentielle pour bien exercer mon métier. Je me suis d’ailleurs aussi rendu compte que la relation que j’avais pu construire avec certaines familles et leurs enfants avait favorisé la continuité pédagogique durant toute cette période. Heureusement, j’ai pu réaliser quelques classes virtuelles et donc « voir » les élèves par le biais d’un écran. Ça m’a permis d’avoir un retour immédiat sur mes sessions de travail et de positionner le niveau des élèves, d’entrevoir plus facilement leurs difficultés, quels pouvaient être leurs besoins et y répondre.

Cette période particulière m’a aussi privée de ce qui fait l’essentiel de mon métier cette année : le travail en équipe. Fort heureusement, j’ai conservé ce très beau lien que j’ai avec mes collègues et nous avons pu nous organiser, même à distance. C’était tout de même difficile, à titre personnel, de ne plus me rendre à l’école et d’avoir ces moments de partage et d’échanges entre collègues.

As-tu pu développer des méthodes/projets pendant le confinement ?

Avant l’annonce de la fermeture des écoles, nous avions pour projet de participer au concours organisé par les éditions Calamagui. Nous venions tout juste de terminer l’écriture de notre histoire lorsque le confinement a été annoncé. J’espérais terminer ce projet à distance en proposant aux élèves de réaliser les illustrations depuis chez eux. Malheureusement, j’ai eu trop peu de retour de la part des familles, ce que je peux comprendre au vu des circonstances. Cela m’a forcée à abandonner à contre cœur ce joli projet mais j’imagine que ce n’est que partie remise !

En revanche, le confinement a permis de bien des manières de changer progressivement ma manière d’enseigner : j’ai développé de nouvelles compétences et découvert de nouveaux outils et ressources en ligne. J’ai eu l’occasion de créer des applications éducatives en ligne, pour s’entrainer en s’amusant et en manipulant, tout cela grâce à des sites dédiés.

Comment abordes-tu la fin de l’année scolaire ?

Je l’aborde avec davantage de sérénité désormais, notamment depuis la réouverture de mon école. Tout est plus concret et même si le protocole sanitaire a modifié notre manière de faire classe, j’ai plaisir à retrouver mon petit groupe d’élève pour travailler avec eux.
J’ai également pris conscience que le plus important pour les quelques semaines restantes est de (re)créer du lien : un lien entre nous les élèves, entre les élèves entre eux, mais surtout entre les élèves (et les familles) et l’école.
Je comprends leur inquiétude. Cette situation exceptionnelle n’est bien sûr pas sans conséquences. Mais il faut penser en termes de parcours de l’élève. Les programmes sont conçus par cycle, dont l’objectif est de donner du temps à chaque enfant pour réaliser les apprentissages. En France, à l’école primaire, chaque cycle dure 3 ans : il n’est donc pas question de tout maîtriser à la fin d’une année scolaire.
Je tiens à les rassurer sur ce point. Lorsque la situation sanitaire nous permettra un retour à la normale, nous adapterons les apprentissages en fonction des besoins des élèves, de leurs compétences déjà acquises… En somme, ce que nous faisons habituellement ! Tous les élèves auront été impactés (à différents degrés, certes) par cette situation. Il est évident que les enseignants feront leur maximum pour qu’aucun élève ne soit laissé au bord du chemin.

Lorsque l’école a repris, comment s’est passé et se passe l’organisation ?

J’ai repris le chemin de l’école le 18 mai. Au début, en maternelle, pour remplacer mes collègues qui ne pouvaient travailler en présentiel pour diverses raisons. Depuis j’ai pu réintégrer l’élémentaire et donc retrouver des élèves que je connais mieux. Pour le moment, nombreux sont les élèves qui ne reviennent pas à l’école. J’ai donc à ma charge un petit groupe d’élèves de CP, CE1, CE2 et CM1. C’est une ambiance très particulière. Chaque enseignant a préparé du travail pour ses élèves, qu’ils réalisent le matin. Je viens ponctuellement les aider lorsqu’ils ont besoin, je réexplique des notions et je retrouve avec plaisir mon rôle d’enseignante.

Les dernières annonces gouvernementales ont fait disparaitre la notion de volontariat en ce qui concerne le retour à l’école : il est désormais obligatoire pour tous les élèves à partir du 22 juin. Comme tout le monde, j’attends d’en savoir un peu plus sur les conditions d’accueil, mais une chose est certaine : j’aurais plaisir à retrouver tous les élèves avant les vacances estivales.

Qu’est-ce que tu dirais à tes parents d’élèves qui s’inquiètent sur un éventuel retard pris ?

J’ai très envie de terminer sur une note positive : tout rentrera dans l’ordre. J’ai bien conscience que cette situation n’était facile pour personne. Chacun à notre manière, nous avons vécu des choses différentes : que ce soit en qualité d’enseignant ou de parent.
Je tiens à féliciter tous mes collègues enseignants pour leur professionnalisme et leur investissement durant cette période. Je remercie toutes celles et ceux qui ont été inspirants, qui ont été de bons conseils et qui ont partagés avec nous des astuces et des idées pour
Quant aux parents, je tiens à leur dire que je les admire, quelle que soit leur profession, pour leur courage et leur implication durant cette période. J’imagine que cela n’a pas dû être facile tous les jours d’être à la fois parent et enseignant. J’espère tout du moins que cette période aura été l’occasion pour certains de recréer un lien avec l’école, et de comprendre ô combien la co-éducation et les échanges sont essentiels pour le bien-être des enfants et leur parcours scolaire.

Merci pour ce retour d’expérience !

Retrouvez @maitresseauxpetitspois sur Instagram !

 

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